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Chroniques terriennes
27 décembre 2008

"The visitor" de Thomas MacCarthy

Depuis fin octobre, je suis critique pour le site lequotidienducinema.com dirigé par Christophe Dordain. Voici ma première publication.

 

"The visitor"

"Nous avons tendance à nous crisper, tenaillés par la peur, à nous barricader dans la différence comme dans une citadelle assiégée en désignant les autres comme des barbares et, comme nous nous crispons, nous cessons de rayonner; en outre sommes-nous capables d'apporter aux autres autre chose que le commerce, la vulgarité de la sous-culture médiatique, le cynisme, le chacun, pour soi, la violence.." Durant la promotion de son dernier livre, j'ai récemment entendu Jean-claude Guillebaut décrire ainsi "le délabrement de l'occident". Et cette définition m'est venue à l'esprit lorsque j'ai vu The visitor, le dernier film de Thomas MacCarthy; l'histoire d'un professeur d'université d'une soixantaine d'années, Walter Vale errant dans sa vie, dans sa maison vide, parmi ses collègues et qui rencontre un couple syriano-sénégalais vivant illégalement sur le sol américain avec qui il va cohabiter pendant quelque temps. Ce couple est porteur d'une soif de vie qui, au-delà de toutes les différences, va venir nourrir et ressusciter le personnage de Walter. De cette rencontre jaillit une absurde réalité, celle d'un monde occidental qui rejette ces hommes, ces femmes, leur enthousisame, leur joie de vivre et leur grande générosité, qualités qui font pourtant cruellement défaut à nos sociétés prônant la liberté, l'égalité et la fraternité. Qui est gagnant? Qui est perdant? Qui est ce "visitor" dont nous informe le titre: est-ce la mère de Tarek qui, très dignement, essaye de soutenir son fils avec ses petits moyens? Est-ce ce fils qui contre toute attente a pris Walter sous son aile pour lui insuffler un peu de vie au travers de cours de djembé? Ou est-ce Walter qui pendant quelques semaines à peine va pouvoir revivre au contact de cette petite famille? La dernière proposition semble la plus probable et pourtant une grande tristesse nous empare quand résonne la colère du professeur dans le métro new-yorkais durant l'ultime scène du film car l'on ne peut s'empêcher de penser que ce refus absurde de cohabiter avec l'autre sévit depuis des siècles et rien, dans les politiques du moment, ne semble indiquer un changement pour les décennies à venir.

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