Laure es-tu là?

Voici un projet que j'ai écrit et envoyé en février dernier à l'Avventura, l'émission cinéma de Laure Adler sur France Culture, le tout accompagné d'une candidature enfiévrée et d'une enveloppe aux couleurs d'un clap.
"Tu l'envoies à France Culture? Tu rigoles ou quoi?"
"Ben..non..J'ai envie de parler de cinéma, de séries alors je lui écris à elle..Je suis sûre qu'elle va me répondre!"
Aucune réponse (sniff!), comme quoi on peut aimer le cinéma et être petit.(et toc!)

Ce projet consisterait à apporter une dimension liée aux séries télé à votre émission.

Longtemps considérées comme de simples divertissements, les séries sont à présent de véritables sources d’inspiration pour le cinéma. Aux Etats-Unis, les cinéastes indépendants travaillent de plus en plus pour la télévision et notamment pour la très subversive chaîne câblée HBO (Home Box office) qui fonctionne sans publicité ni censure.Délivrés du stress du financement, des cinéastes indépendants américains comme Mary Harron, Whit Stillman,, Ted Demme, Steve buscemi, Lisa Cholodenko, Barbara Koppel, et Miguel Arteta ont tous réalisé des épisodes de Homicide, une série créée par Barry Levinson dont la première saison date de 1993. Miguel Arteta connu pour ses films Chuck and Buck et The good girl déclare d’ailleurs : « la qualité de la télévision crève le plafond aujourd’hui- les scénaristes y gagnent beaucoup d’argent et jouissent de tout le pouvoir de création. C’est donc là que le talent gravite. On a des scénaristes incroyables qui dirigent des séries télévisées. » (1)
De  Grands acteurs comme Glenn Close, Al Pacino,  Meryl Streep se font de plu en plus  voir  sur le petit écran dans des séries provocantes qui sont elles-mêmes des tremplins incroyables pour des acteurs débutants ou moins connus extrêmement talentueux. Cette synergie entre  ces séries subversives et le cinéma indépendant incite sans cesse créateurs et scénaristes à se surpasser et à créer des oeuvres inédites telles que Sex and the city, The Sopranos ou Six feet under. "Prenez  deux épisodes au hasard de Six feet under  et vous aurez un film indépendant, très original, intéressant et filmé sur le même modèle" affirme Mr Arteta (1).

  

 En France et aux Etats-Unis, ces séries sont à présent l’objet d’analyses au sein de grandes universités où elles viennent étayer les cours de certains professeurs : on montre des passages de Dr House ou de Urgences à des étudiants en médecine, on analyse certaines autres comme The West Wing (A la maison blanche) en cours de sociologie car le réalisme y atteint des sommets et qu’elles sont un parfait reflet de la société américaine voire européenne. 
Dans un reportage(2) diffusé le 24 janvier dernier sur ARTE, le directeur de HBO Colin Callender déclarait : « Nous avons regardé autour de nous et notre regard s’est longtemps arrêté sur l’Europe : l’exemple de la BBC au début de Channel 4 dans les années 80, la façon dont Canal +, à son apogée, soutenait la création cinématographique, la relation des diffuseurs allemands avec les Fassbinder, Win Wenders. On a regardé et on a appris ; cela a fait évoluer notre approche des séries. Quand on a commencé à faire des séries sur HBO, ce qu’on avait appris des films c’était qu’il nous fallait trouver des visions créatives, venues d’un producteur ou d’un auteur et que nous devions absolument leur donner tout pouvoir. »
Comment le cinéma a influencé les séries ? Dans quelles proportions ces séries inspirent-elles maintenant le cinéma par l’audace et le talent de ses créateurs ? Autant de questions qui pourraient venir enrichir votre émission en lui apportant une dimension nouvelle. Et ce serait un plaisir de pouvoir vous assister dans cette démarche.

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[1] Article du Courrier International intitulé Des séries télé qui ont la saveur du cinéma indépendant de Joy Press (Village Voice), 2004.

[2] Hollywood, le règne des séries de Olivier Joyard et Loïc Prigent, 2005.